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Saison 5 - Les Soulèvements de la Terre


Depuis janvier 2021, la dynamique des Soulèvements de la Terre ne cesse de grandir. Au fil des épisodes, nous sommes parvenu.e.s à construire un calendrier national d’actions de blocages, de désarmements et d’occupations de terres pour établir sur le terrain un véritable rapport de force à la croisée d’enjeux écologiques, sociaux et paysans.

Chemin faisant, les Soulèvements de la Terre sont parvenus à rassembler une large diversité de composantes qui, lorsqu’elle fait corps sur le même front, est en mesure de produire des basculements. C’est ce qui s’est produit lors de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline le 31 octobre dernier.

Que fleurissent mille Sainte-Soline !

En ces temps de sécheresse historique et de calamités publiques, nous invoquons Sainte-Soline. Ne pas se murer dans la peur et la sidération. Se retrouver par milliers pour prendre d’assaut une infrastructure emblématique de la privatisation de notre bien commun le plus précieux. Ne pas se contenter de tribunes, de pétitions, de manifs-promenades, mais porter ensemble des gestes impactants qui matérialisent notre détermination à ne pas les laisser ravager le monde.

Dans ce petit village du Mellois, des habitant.e.s et des paysan-ne-s, des élu.e.s et des activistes, des personnes de tout âge et de tout horizon, dans une dynamique de désobéissance de masse, bravent les interdictions préfectorales, déjouent un dispositif policier ahurissant, arrachent les grilles et pénètrent le chantier. Elles démontrent ainsi que nous sommes capables de défaire ce qui nous détruit, que nous pouvons retrouver une prise sur la catastrophe, que nous ne les laisserons plus faire. Aujourd’hui, le projet de méga-bassines vacille face à l’explosion des coûts de sécurisation et l’hostilité publique croissante dont il fait l’objet. La victoire est à portée de main. Le 25 mars prochain sera déterminant.

Ainsi, une lutte « locale » contre un projet précis dans les Deux-Sèvres peut peser de tout son poids dans le rapport de force global. Les journées de Sainte-Soline portent une affirmation : pas question de subir les choix gouvernementaux face à la sécheresse ! À nous de rendre incontournables des décisions salutaires sur les usages prioritaires d’une eau qui se raréfie, à nous de restreindre la voracité industrielle qui assèche la terre, à nous d’y opposer de toutes nos forces la défense des communs, de nos besoins et de ceux de l’agriculture paysanne.

Rebonds

Des basculements comme celui de Sainte-Soline, il est urgent d’en opérer sur bien d’autres fronts pour la défense de la terre : empoisonnement généralisé par les pesticides, fermes-usines et agriculture numérique, ensevelissement sous le béton des forêts, des zones humides et des parcelles agricoles, dévastation de la biodiversité... Ces gestes sont partout à notre portée pour peu que nous parvenions ensemble à nous départir de l’impuissance et de l’éco-anxieté, à bâtir de larges alliances et à établir des stratégies de résistance efficaces. C’est là le pari des Soulèvements de la Terre. Et c’est précisément la crainte de ceux qui planifient le désastre et en tirent profit.

Alors, comme à chaque fois qu’ils ont peur, c’est tout l’appareil répressif qui se met en branle. Vient le temps des procès, des mouchards technologiques et de l’espionnage intime, des rapports de la DGSI, des accusations vociférantes d’éco-terrorisme et des menaces de dissolution. Mais nous ne sommes pas une « organisation terroriste ». De même que nous ne sommes pas un « groupuscule d’ultragauche ». Nous sommes bien plus un mouvement de résistance composite et désormais largement soutenu.

En témoignent les vastes coalitions qui organisent localement chacune des actions, mais aussi la tribune de soutien de janvier dernier signée en 48h par plus de 3000 personnalités, dont une myriade de syndicalistes, d’élu.es, de scientifiques ou d’universitaires [1] Même la récente note de la DGSI le concède, nous décrivant comme un mouvement « transcendant les appartenances d’origine et les divergences de stratégie », capable « de fédérer le plus grand nombre possible de militants et groupes issus d’horizons idéologiques différents. »

Dans les Soulèvements de la Terre, les liens se forgent au gré des luttes, des rencontres, des voyages et des aventures. Au fil des saisons d’actions se tissent de solides alliances entre territoires et collectifs. Et cela rien ni personnes ne pourra le dissoudre. Notre identité politique est sans cesse renouvelée par l’enchevêtrement de nos sensibilités et de nos pratiques concrètes. Elle échappe à toute étiquette. Fort.e.s de ces ancrages, nous ne nous laissons pas impressioner par les invectives et les menaces d’où qu’elles viennent et lançons la cinquième saison d’action !

Vers la Saison 5

Après deux ans d’existence, ce n’est que le début des Soulèvements de la Terre. Nous commençons tout juste à établir les premiers contacts internationaux ; à penser la création de comités locaux à travers la France ; à éprouver des articulations fécondes avec des dynamiques complices comme « l’inter-cantine » ou les « Naturalistes des terres » ; à solidifier les synergies avec la Confédération Paysanne et l’Atelier Paysan, à s’interroger sur les manières de se rapporter à des mouvements sociaux comme celui qui secoue progressivement ce mois de mars. Face aux procès et à la répression, des espaces pour développer le soutien légal - mais aussi le soin physique ou psy - se renforcent.
En parallèle, des dynamiques « Riots Fight Sexism » se développent pour penser la question des possibles agressions sexistes lors des mobilisations et fêtes qui les accompagnent. Lorsque nous nous retrouvons tous les six mois pour structurer le calendrier de la saison à venir, nous sommes chaque fois plus nombreux.ses et sans cesse rejoints par de nouveaux collectifs.

La saison 5 des Soulèvements de la Terre prolonge cet élan. Elle sera rythmée par une mobilisation par mois, aux quatre coins de la France ! Elle sera marquée à la fois par des actions publiques de masse, des surgissements inopinés, des moments de réflexion stratégiques et de formation. Notre angle d’attaque thématique reste le même : la défense de la terre et de l’eau comme bien commun face à l’accaparement par le complexe agro-industriel et face au bétonage par la méga-machine métropolitaine. Notre orientation stratégique également : d’une part cibler et désarmer des infrastructures emblématiques, des projets d’aménagement structurants et des multinationales destructrices ; d’autre part jeter les bases de ce qui pourrait être un mouvement de reprise de terres.
[...]

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Voir en ligne : Lien vers l’appel des Soulèvements

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