Sur la nécessité de déserter – 2. A propos de Non mi sono fatto niente, de Maurizio Gibo Gibertini
L’un des grands plaisirs que nous offre ce récit d’un ancien et malicieux ludion des batailles sociales en Italie, c’est de démentir le récit officiel des années dites « de plomb », tel qu’il est repris à satiété par les médias et les politiques depuis des décennies, c’est bien celui-là. Créé par le Parti communiste italien et la Démocratie chrétienne, et devenu avec le temps une doxa intouchable, repris à satiété par les médias, il raconte la révolte pathologique de quelques cinglés dans une Italie démocratique en pleine modernisation. De cette image, il n’est pas de meilleur démenti, peut-être, que celle que nous offre Gibo d’un cortège de tête de jeunes prolétaires des Circoli giovanili des quartiers, ouvrant une marche de milliers d’autonomes ouvriers et étudiants, manches de pioches ou clé anglaise en main mais dont les chants et les slogans étaient bien loin des schèmes marxiste-léninistes ou syndicalistes-démocratiques dans lesquels on prétendait les enfermer :