Nous, membres de l’Équipe Terrestre d’Écologie, avons pris connaissance du parcours de la flamme olympique. A partir du 16 avril 2024, nous assisterons à la Sainte Trêve : finie la guerre au virus, finie la guerre de l’eau, finie la guerre contre le peuple.
Ce sera une période de paix pour les gens raisonnables et cultivés, vécue dans l’attente de Jeux plus vertueux. De l’écotourisme à l’écocontrôle, tous les éco- seront mis en valeur pour faire oublier la destruction des jardins d’Aubervilliers.
Nous sommes certes ironiques. Nous savons qu’il en va d’une avancée sécuritaire, gentrificatrice et privatisante. Nous savons qu’il s’agira de mettre les gens raisonnables dans une situation qu’ils n’auront pas à penser, et de repousser les autres vers des lieux à polluer.
Nous savons aussi que les coachs climat vont pulluler autant que les caméras de surveillance, et que les symboles mis bout à bout conduiront dans un stade clos sur lui-même plutôt que d’ouvrir à la nature.
Mais nous n’espérons pas que les Jeux disparaissent pour ces raisons [1] – parce que l’assurance des promoteurs est obscène. Nous trouvons plus utile d’accompagner l’événement et, en plus d’en dénoncer les conditions, de l’énoncer en dehors de ce qu’il annonce – de l’éclairer en miroir pour aveugler les élites avec leurs propres lumières.
Nous tenons ainsi, d’emblée, à noter que l’envoûtant convoyage par le Trois-Mâts Belem – pire : par un Trimaran venu d’une Banque, ne saurait masquer en rien le sens de leur geste : ils apportent une torche dans une situation où les gaz sont déjà nombreux, et qui peut exploser.
Nous ajoutons que si, venant en France, la flamme est censée rentrer à la maison et que, venant de Grèce, elle est censée en partir, c’est qu’elle est ici ou ailleurs dans la même maison. Mieux : dans un labyrinthe sans fil d’Ariane, voire dans une prison où la lumière ne peut éclairer l’ombre – d’ailleurs de l’ombre, il n’y en a plus beaucoup.
Evidemment, les âmes écoresponsables vont prétendre en sortir – s’élever pour gagner la course contre le réchauffement climatique. Mais même si elles n’y voient que du feu, le relais leur tombera des mains et elles ne manqueront pas ensuite de se brûler les ailes en allant trop prêt du Champion de la Terre.
Quant au public, vu l’ébullition ambiante, il pensera d’abord qu’il est là où il faut être : sous le soleil exactement. Mais la mauvaise conscience ne manquera pas de l’envahir quand les climatiseurs qu’il dénonçait à bon compte en décembre l’entoureront, et quand les caméras censées célébrer sa joie lui feront continuellement vérifier qu’il n’a rien à se reprocher.
A quoi il faut ajouter que de nombreux bénévoles infiltrés vont s’appliquer
à être maladroits – ils l’ont annoncé ! L’administration aura beau mener des enquêtes pour les confondre, ils ont d’ores et déjà commencé à lui renvoyer l’image du labyrinthe dans laquelle elle nous piège.
Quand le moment sera venu, ils pourront applaudir généreusement ceux qui tentent de montrer la triste terre sous le terrain sec – ceux que le pouvoir nomme pour cela terroristes. Ceux qui pour nuire aux vertes illusions empruntent le cours normal des choses naturelles – un cours sauvage.
Nous espérons aussi que les sportifs [...]
Lire l’article original de l’Equipe Terrestre Ecologie sur LundiMatin.