Nous sommes un collectif réuni au sein d’une association exploitante agricole dénommée Caracol, installée dans le parc naturel régional des Causses du Quercy (département du Lot). Nous avons débuté la création d’une ferme en maraîchage biologique dont le produit est destiné aux personnes en situation d’insécurité alimentaire.
Notre démarche articule des problématiques agricoles, écologiques et politiques. Elle intègre des solutions accessibles, écologiques, économiques pour l’alimentation, l’habitat, l’énergie. Elle repose sur un fonctionnement strictement égalitaire, autogestionnaire. Elle prend en compte la qualité de vie, via notamment la rotation des tâches, la pluriactivité et le temps libre. Notre souci pour le bien-être et la santé s’étend aux animaux non humains et leur environnement : notre ferme n’impliquera aucune forme d’exploitation animale (élevage, traction animale), le régime alimentaire sur l’exploitation est végétalien, nous mettons en place des protocoles de protection de la biodiversité (exclos, participation à des programmes de recherche participative, etc.) Enfin, notre démarche s’inscrit dans un effort de changement social global inspiré notamment par l’écologie sociale, le zapatisme.
Nous souhaitons favoriser la réplication d’une telle initiative, mais aussi intégrer de nouvelles personnes à notre collectif. Nous vous proposons donc de nous rencontrer autour d’un chantier de 2 jours sur la création de bassins de rétention réalisés dans une démarche agroécologique. Nous présentons ci-dessous les grandes lignes de notre projet, puis le chantier participatif. Vous pouvez également consulter notre blog : https://caracol46.noblogs.org/
Projet global
Maraîchage bio-intensif sur petite surface, pluriactivité
Notre projet n’est pas la réplication d’un modèle paysan reposant sur l’auto-exploitation, la pauvreté, l’aliénation du temps de vie à des tâches agricoles. Nous avons retenu un modèle de maraîchage offrant à la fois d’excellentes conditions de vie et une production à haut rendement permettant de nourrir un grand nombre de personnes. La gestion collective permet une rotation sur les tâches ainsi que la pluriactivité : une fois que notre ferme sera en activité, chaque personne pourra consacrer une moitié de ses journées aux activités maraîchères, l’autre moitié aux activités de son choix.
Caisse de sécurité sociale alimentaire
Nous souscrivons à l’idée que « l’impossibilité à accéder à la nourriture est une violence qui s’exerce contre les plus pauvres. » (Bénédicte Bonzi, 2023) Notre démarche n’est pas un repli sur soi communautaire, mais une action politique de solidarité envers les personnes victimes de cette violence.
À court terme, le produit de notre ferme sera destiné aux personnes en situation d’insécurité alimentaire. À moyen terme, nous créerons une caisse de sécurité sociale alimentaire devant assurer le financement des exploitations maraîchères (salaires, frais de fonctionnement) et l’accès direct des personnes cotisantes à un volume stable de denrées biologiques locales qui satisfasse leurs besoins nutritionnels. Ce système de cotisation solidaire, géré par les fermes et les bénéficiaires, doit permettre un accès universel à l’alimentation.
Quelques étapes
Nous avons déjà créé deux parcelles de maraîchage bénéficiant d’un aménagement agroécologique (haies bocagères, arbres fruitiers, etc.) et d’un apport en matières organiques (bois raméal fragmenté, engrais verts, etc.) Nous créerons une troisième parcelle en hiver 2024 dédiée à la production de semences paysannes. La première saison de production doit débuter en septembre 2024.
Cet automne 2023 sera consacré à la mise en place d’un aménagement devant rendre notre ferme résiliente en eau. C’est ce que nous souhaitons réaliser avec vous (voir ci-dessous).
Pendant l’hiver 2024, nous débuterons la construction des bâtiments. Nous avons travaillé à un modèle constructif économique, écologique, réplicable : fondations en pierre sèche, murs en paille porteuse, dalle en terre, charpente légère en poutres treillis, etc. Les équipements combineront énergies renouvelables et basses technologies (low-tech) : système photovoltaïque sobre, éoliennes domestiques, récupération de l’eau de pluie traitée par filtration lente sur sable, chauffe-eau solaire thermosiphon, traitement des eaux grises par phytoépuration, etc.
Autogestion
Notre fonctionnement est strictement égalitaire et autogestionnaire : (i) toutes les tâches (manuelles, intellectuelles, culturelles, administratives) sont réalisées de manière égale par l’ensemble des membres, (ii) l’acquisition des savoirs et savoir-faire nécessaires est assurée par une démarche collective de formation continue, (iii) toutes les décisions sont prises au consensus.
Nous « prenons notre temps ». Nous sommes conscient.e.s de l’urgence des enjeux socio-environnementaux actuels et nous participons à l’accélération des initiatives de lutte, cependant nous maintenons que cela ne peut pas être tout. Un fonctionnement autogestionnaire requiert du temps : du temps pour apprendre, du temps pour échanger, du temps pour améliorer. Cette démarche est la seule concevable pour ne pas reproduire une différenciation hiérarchique entre les personnes, pour lutter contre les oppressions, pour ménager notre bien-être et notre santé, pour développer et diffuser une culture de la coopération et de l’entraide.
Le chantier participatif
Afin de rendre notre ferme résiliente en eau, nous avons programmé la création de 3 bassins de rétention, de 9 puits perdus et d’1 mare naturelle. Ces aménagements contribuent à favoriser une biodiversité bénéfique aux cultures et à atténuer les effets du réchauffement climatique. Les bassins de rétention seront alimentés par l’eau de pluie et serviront à l’irrigation des planches de culture maraîchère. Bien répartis, ils fournissent non seulement de l’eau, mais apportent également de la fraîcheur à l’ensemble de l’espace maraîcher. Si elle ne servira pas à l’irrigation, la mare naturelle contribuera aussi à rafraîchir l’air ambiant tout en attirant un grand nombre d’auxiliaires. De taille plus réduite, les puits perdus assurent les mêmes fonctions là où il est impossible d’implanter une mare ou un bassin (comme entre les planches de culture). En privilégiant la multiplicité de petits aménagements intégrés à l’environnement, plutôt que la construction d’un seul grand bassin (No Bassaran), nous privilégions une approche écologique, reproductible, sans impact négatif sur le cycle de l’eau.
Le premier jour débutera par la présentation de l’association, ses missions et une visite du terrain. Cela sera l’occasion d’avoir de premiers échanges autour de nos projets respectifs. L’après-midi, nous vous présenterons le projet de résilience en eau et les bases théoriques de la création d’un bassin. Nous réaliserons la mise en étanchéité d’un bassin ensemble (sable, argile, géotextile, bâche).
Le deuxième jour sera consacré à la préparation d’un autre bassin et de puits perdus (curage, lissage des parois et étanchéité).
Calendrier
Nous vous invitons le week-end du 14-15 octobre. Le samedi, le chantier commencera à 9 h et finira le dimanche à 18 h.
Le chantier sera reporté en cas de pluie.
Équipement
Pour ce chantier, les activités seront à la fois un peu physiques et salissantes, prévoyez des vêtements qui ne gênent pas les mouvements et qui peuvent être salis (terre). Prenez des chaussures confortables (chaussure de sport, randonnée) et des gants de travail. Si vous ne disposez pas de gants, l’association pourra vous en prêter.
Conditions d’accueil
Nous sommes en cours d’installation, les dispositifs d’accueil sur la ferme sont encore sommaires. Nous avons l’eau courante, une cuisine extérieure, des toilettes sèches (très jolies et confortables !), un petit kiosque pour la toilette, une tente de douche avec un petit réservoir à eau, un système photovoltaïque pour la recharge des téléphones et ordinateurs. Le soir, vous pourrez dormir en tente ou en camion sur le terrain. Nous vous proposons une participation libre pour couvrir les goûters et repas fournis par notre association.
Afin que tout se passe pour le mieux pour tout le monde, il est important que les personnes souhaitant participer à nos activités se reconnaissent dans notre démarche, nos valeurs. Nous vous invitons à prendre connaissance du règlement de l’association, qui précise notamment que la consommation de produits d’origine animale et de drogues psychotropes (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, MDMA, etc.) n’est pas autorisée sur le terrain.
Vous pouvez aller consulter notre règlement intérieur.
Si vous souhaitez participer à ce week-end, nous rencontrer, nous vous invitons à nous contacter à cette adresse : caracol46@protonmail.com
On a hâte de vous rencontrer !
La bande à Caracol