Nous republions ici un communiqué ainsi que la confirmation du verdict initialement publié sur La Bogue.
N’hésitez pas d’abord à lire le Communiqué #1 (février 2023) : Soutien aux personnes inculpées pour le sabotage de mâts de mesure éoliens
Le récit :
Pendant la garde à vue de l’une d’entre elles, dès le deuxième interrogatoire, les enquêteurs alignent le montant des dégâts.
Les prédateurs, SAS WPD ONSHORE FRANCE, ENGIE GREEN S.A. et RPGLOBAL FRANCE qui ont
porté plainte n’ont pas perdu de temps, et ont déjà fourni des factures de réparation des dommages (même si d’après Ieurs déclarations ils n’ont pas la ferme intention de reconstruire ces mâts) pour un montant total de 350 000 euros.
Après 38 heures de garde à vue et une heure passée dans la souricière du tribunal de Limoges, la personne passe devant la juge d’instruction. Il est 20 heures, la juge énumère les chefs d’inculpations. En résumé : "Destruction de biens d’autrui", participation à "association de malfaiteurs en vue de préparation d’un délit puni d’au moins 5 ans d’empr isonnement, commis en réunion par une ou plusieurs personnes dissimulant volontairement Ieur visage afin de ne pas être identifiées" ; "refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques".
Vient ensuite la réquisition sur le contrôle judiciaire
Interdiction de sortir de la Dordogne ; Pointage chaque semaine à la gendarmerie ; Interdiction de rentrer en contact avec les autres inculpées et paiement d’une caution de 180 000 euros ! L’avocate commise d’office sollicitée par la juge sur le montant de la caution, rétorque qu’il s’ag it-là d’une mesure pré-sentencielle et propose « moins de 50 000 euros ». L’avocate et l’inculpée sortent. La juge délibère avec elle-même et au bout de 5 minutes propose finalement :
100 000 euros : 20 000 euros pour amende et 80 000 pour indemnisation des dégâts.
Cette discussion de marchand de tapis n’aura pas duré plus de quelques minutes. Total demandé aux 4 inculpées = 120 000 euros
Les autres inculpées se partagent le solde de 20 000 euros
Fin de la comptabilité.
Deux jours plus tard la demi-page dans Sud-Ouest consacrée à I’affaire affirme que le montant des dégâts est de 500 000 euros.
Tout ceci avant jugement
La peine, c’est la procédure.
Les outils répressifs de la dite « justice » :
Nous préférons parler de "système judiciaire" car on voit c lairement cette alliance structurelle entre l’Etat et le capital.
• Argent (caution)
Le prix de la liberté.
Le deal est maintenant : Si tu veux rester en liberté, paye 100 000 euros.
100 000€ ou de la préventive, en plus du racket, c’est vouloir faire payer cher, coûte que coûte, les inculpées ; encore une fois la justice de I’Etat est au service du capitalisme (80 000 euros d’indemnisation avant jugement).
• Le contrôle judiciaire
Imposer des contrôles judiciaires qui limitent les déplacements, constituent une peine immé diate et à la durée non délimitée. L’interdiction d’entrer en contact entre les inculpées limite d’autant plus la défense collective face à la justice.
• Discrimination entre les inculpées
avec I’inégalité des demandes de caution, qui est là aussi pour diviser.
• La prison préventive
Une grande partie des détenues en France sont en préventive/en attente de jugement ; à l’heure où l’Etat construit en ce moment de nouvelles prisons avec son énième Plan Prison, pour enfermer toujours plus.
Si la destruction de quelques mâts de mesure est au regard de la Ioi un délit, c’est pour nous un acte de résistance légitime commis sans violence sur des êtres vivants, c’est un acte symbolique qui ne fait qu’entamer I’assurance sans borne, la volonté de conquête de ces prédateurs cupides.
Dans un contexte de guerre sociale, ces actes nous semblent de I’ordre de l’auto-défense.
Les vraies victimes ne sont pas celles que la justice désigne. Les vraies victimes sont celles de ces prédateurs que rien n’arrête.
La personne risque la détention provisoire parce qu’elle ne veut pas payer sa liberté.
C’est du racket.
Parce qu’elle ne veut pas indemniser les prédateurs capitalistes ;
Parce qu’elle veut faire savoir ce qu’est le système judiciaire aujourd’hui ; parce qu’elle veut que la cause anti-éolienne et anti-capitaliste soit entendue ; Elle va tenter d’aller jusqu’au bout. Ne pas céder au chantage.
II y a eu un appel de cette décision, le résultat de I’audience du 9 mars dernier à Limoges sera rendu le 23 mars prochain.
[MAJ le 23 mars] Verdict confirmé : le montant de la rançon reste 100 000 euros
La rançon reste la même. Toutefois, la cour d’appel a statué sur le cautionnement, avec une petite variante : parmi ces 100 000 euros à payer,
5 000 euros feront office de garantie de représentation et d’amendes (pour la justice) ;
et 95 000 euros pour rembourser les dégâts d’un des mâts de mesure éolien construit par la société WPD ON SHORE FRANCE à Rilhac-Lastours (87), alors qu’il n’y pas de certitude de sa reconstruction.
Même si nous n’attendons rien de cette institution, force est de constater que la justice défend encore les intérêts des entreprises capitalistes et, pour le coup, n’attend même pas qu’un jugement puisse être mené avec une vraie défense !
Des bouts de ferraille tombés alors que, même s’il n’y pas de vent, les éoliennes industrielles sont quand même construites !
Que du vent !!!
La personne a jusqu’au 14 avril pour décider si elle paye la rançon pour sa liberté.
Nous soutenons les personnes accusées de sabotages de mâts de mesure d’éoliennes, qu’elles soient coupables ou innocent-es, car ces actions sont un souffle de résistance contre l’absurdité de ce monde autoritaire et le capitalisme vert.
Nous appelons à des actions de solidarité décentralisées.
Pour être informée et proposer des actions de soutien, s’inscrire sur la liste à sisme-request@lists.riseup.net
Solidarité aux courageuses !
* Le comité de Soutien aux Inculpés de Sabotage de Mâts de mesure Eoliens (SISME) *