Au départ de la manifestation, les intermittents du spectacle ont fait un rassemblement symbolique sur les marches du Grand-Théâtre pour signaler leur mobilisation. À 12h30 un cortège de 60 000 personnes s’est élancé pour une nouvelle journée de mobilisation syndicale. Malgré des chiffres en légère baisse, le cortège restait massif plus de deux mois après la première mobilisation. Cet énorme cortège est resté cependant bien calme, les syndicats, rangés les uns derrière les autres, il était difficile de choisir un endroit ou se positionner pour trouver un peu de force et de détermination.
Petit à petit quelques événements sont venu animer un peu cette marche paisible.
Sur son trajet, le cortège a laissé un peu de temps à certains manifestants pour rendre une petite visite au rectorat, qui n’avait pas bien fermé ses portes. Plusieurs centaines de personnes ont pu s’engouffrer dans le bâtiment pour y scander leurs mécontentements. La visite du bâtiment a duré plusieurs dizaines de minutes avant que la police n’expulse tout le monde vers le reste du cortège.
La fin du parcours syndical se rapprochant, quelques tags ont commencé à décorer les murs et les plaques d’OSB, qui témoignaient d’un manque de confiance de certaines agences bancaires dans leur côte de popularité.
Le cortège syndical a fini par atteindre son point final, sous le soleil bordelais, sans réelle tentative de rendre un peu plus festive, cette marche.
Mais l’idée d’une fin de manifestation plus ensauvagée semble s’être rependue et fait naître quelques espoirs. Les rendez-vous des dernières semaines ont semé des idées. L’envie, d’aller plus loin, de tenir la rue quelques heures de plus, de faire vivre un cortège plus dynamique, est plus forte que l’important dispositif qui est exhibé sur les derniers mètres du parcours.
Quelques personnes, on commençait à se regrouper place de la Bourse, en attendant que le cortège finisse d’arriver, avec l’envie de repartir en sauvage. La police a essayé de briser cette tentative, en gazant abondamment la place et en chargeant alors que l’intégralité du cortège n’avait pas fini sa balade hebdomadaire. La réponse fut solidaire empêchant l’arrestation de plusieurs manifestants.
Après que tout le cortège soit arrivé, et que la sono grésillante, des camions syndicaux, se soit éteinte, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour trouver une brèche dans le dispositif. Un grand nombre d’accès vers le reste de la ville était entravé par plusieurs dizaines de flics. Les premiers affrontements ont commencé, illuminant les rues, bloquées par la police, de quelques artifices et de bouteilles de verres de toutes les couleurs.
Repoussé par un grand nombre de grenades et un vent dans le mauvais sens, le sauvage se replia sur les quais commençant ainsi sa déambulation. Cette tentative, de prendre la rue avec plus de liberté, semblait plus anticipé cette fois-ci, et un important dispositif était déjà en place pour maintenir les manifestants sur le quai.
La vue de tous ces boucliers, n’empêcha pas le cortège sauvage, de signifier sa détermination, en s’affrontant quasi systématiquement avec les lignes qui bloquaient l’accès au centre-ville. Les barrières et autres mobiliers urbains furent utilisés pour dresser des barricades, qui s’enflammèrent sur le passage des manifestants.
Des tags se remirent à naître sur les murs. Un engin de chantier oublié sur la route, permis de réchauffer un peu les âmes, en se consumant, entrainant des flammes importantes.
Malgré des possibilités moins évidentes que les dernières fois, le cortège s’est tenu et multiplia les tentatives pour accéder à d’autres espaces de la ville. À force de détermination, une nouvelle fois, des failles sont trouvées dans le dispositif. Le cortège a réussi a se frayer un chemin pour remonter vers Saint Michel. Dans le quartier, les terrasses des bars réservent un accueil chaleureux au cortège qui continue d’avancer. Les gens se lèvent de leurs chaises, applaudissent et chantent en faveur des manifestants. « À bas l’État policier, à bas l’État... À bas l’État policier... »
Mais la police décide de gazer tout le monde, obligeant les clients à fuir et les terrasses de bar à fermer.
Malgré les gaz, le cortège continuera sa route, en passant par les Capucins, pour rejoindre la Place de la Victoire et sa fac récemment évacuée.
Le cortège arrive moins fort que d’habitude a cet endroit qui est devenu depuis quelques semaines un lieu d’affrontement récurant. Les nombreuses salves de gaz ont effrité la manifestation sauvage et la dispersion se finira ici et dans les quelques rues aux alentours.
Il est vraiment nécessaire d’amener pour soi et à partager avec d’autres, des masques à gaz (ffp2, ffp3), ça ne coute pas cher et ça se trouve dans les magasins de bricolage par exemple, ainsi que des lunettes de ski ou de piscine afin que la pression policière ne fasse pas taire notre mouvement.
Des désarrestations collectives ont eu lieu. Cependant, au moins une GAV a été confirmé. Un rassemblement s’est déroulé à 20h30 devant le comico de Mériadeck pour exiger sa libération. Dans la rue et après, seule notre solidarité et notre détermination seront notre force.
Malgré la fin de la manifestation, les heures suivantes, une ambiance festive s’est rependue dans toute la ville. Sur plusieurs places (à Saint Michel, à Saint Pierre et ailleurs), les terrassent des bars s’animent, des groupes de personnes se mettent a chanter des slogans et des chants de manif, reprises par les tables qui les entourent, mettant en lumière une détermination et une communion qui ne faiblissent pas et qui se partagent.