Guides Pratiques Répression - Justice

Manuel de survie en garde à vue


Ce manuel est à mettre entre toutes les mains, tant il est vrai que la garde à vue fait partie de la culture policière française.
Son but est de donner corps à une généralisation du silence, à l’extension la plus universelle possible du sabotage du travail policier.
« Coupable » ou pas, là n’est pas la question : la mise à l’amende et l’enfermement, nous ne les souhaitons à personne.
Liberté et impunité pour tous !

SOMMAIRE

- Notes préliminaires
- Pour commencer, une certitude : se taire c’est enrayer la machine policière-judiciaire
- Premiers conseils : éviter les pièges les plus grossiers
- Pourquoi se taire ? Quelques idées reçues à abandonner
- Mises en situation : il ne faut pas prendre les flics pour plus bêtes ou plus malins qu’ils ne le sont
- Les armes de l’ennemi : petites techniques de manipulation policière
- Corollaire : ne pas parler, ne pas signer
- Réussir à tenir : temporiser, enrober son silence
- En résumé : garder le silence, rester alerte, saboter le travail des flics

NOTES PRÉLIMINAIRES

On fait en ce moment beaucoup de bruit autour des gardes à vue « illégales » : certains avocats obtiennent parfois des relaxes grâce à une « nullité » de GAV, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir. Mais il ne s’agit pas ici de défendre les droits des gardés à vue, de contrôler le déroulement des GAV, de rappeler à l’ordre les flics qui ne respectent pas les règles. On aura beau décrire comment marche la GAV, dans la loi ou dans les faits, on passera toujours à côté d’un point essentiel : comment s’en sortir au mieux, c’est-à-dire du moins sans aggraver son cas. Ainsi, ce qui nous intéresse, c’est plutôt de voir comment faire en sorte que ça marche le moins bien possible.

Le meilleur moyen est de loin de ne pas jouer le jeu. Il faut avoir bien en tête qu’en GAV on cherche à tout prix à faire parler, à obtenir des aveux. Il importe donc de savoir comment on s’y prend du côté des flics, où est la part de bluff, et où on court un risque en mettant des bâtons dans les rouages de la machine judiciaire (notamment en refusant le fichage). Nous présenterons donc la GAV dans cette perspective : ne pas parler. S’il est nécessaire de s’y tenir, c’est parce que les tribunaux n’ont alors personne à envoyer en prison. Pas de preuves, pas d’aveux, pas de PV : pas de coupable.

Ces notes sont inspirées d’expériences vécues, de discussions critiques autour de la pratique policière, de témoignages trouvés sur internet, et de différents ouvrages et brochures. Nous ne prétendons pas livrer ici le vademecum ultime de la GAV, et toute remarque, tout ajout, toute correction, seront les bienvenus. Il s’agit de faire circuler ce qui, nous l’espérons, pourrait éviter bien des ennuis.

Bienvenue, donc, dans le dur monde du béton, du plexiglas, et des interrogatoires.

Et bon courage !

POUR COMMENCER, UNE CERTITUDE : SE TAIRE C’EST ENRAYER LA MACHINE POLICIÈRE-JUDICIAIRE

Dès le début de la GAV, dans les faits dès le moment de l’interpellation, les flics mettent la pression pour qu’on parle, vite et bien. Bien, c’est-à-dire de sorte que le dossier soit clairement à charge, avec des coupables bien identifiés, pour qui le juge n’aura plus qu’à choisir une peine. Parler, ça peut être dire « la vérité », ou mentir, mais dans les deux cas, c’est dire quelque chose, et ce quelque chose est consigné par les flics sur un PV d’audition. Et c’est le genre de papier qui colle aux doigts, pendant la GAV et jusqu’au procès : il est utilisé pour confrontation avec d’autres déclarations, pour charger d’éventuels complices ou même des personnes mises en cause dans une affaire connexe, etc. Une audition de GAV est toujours à charge. Pour les flics les informations sont évidemment bonnes à prendre sur le moment, mais elles peuvent aussi bien leur servir longtemps après : s’ils n’arrivent pas à coincer quelqu’un par manque d’éléments dans une affaire, peut-être qu’une prochaine fois ils seront contents d’avoir déjà quelques miettes au fond de leurs tiroirs.

La garde à vue est en soi une pression psychologique : mauvaises conditions d’hygiène, stress, fatigue, parfois brimades voire coups, autant d’atouts pour les flics, pour qui il est plus facile d’interroger quelqu’un d’affaibli, prêt à passer à table sans faire d’histoire. En s’étant préparé à l’avance, on peut tenir le coup, à condition de ne pas se laisser déstabiliser. Ne rien dire du tout en GAV n’est pas donné. D’une part, c’est difficile de tenir 24h, deux, trois ou même parfois quatre jours (stups, « terrorisme ») sans parler à personne : le contact humain et la conversation sont des besoins qui se font vite ressentir. D’autre part, on pense souvent que le fait de se taire va aggraver les conditions de détention, le comportement agressif des flics, voire les suites judiciaires. Il n’en est rien, et quels que soient les faits reprochés (à tort ou à raison, là n’est pas la question), tout le monde s’en sort mieux si personne ne parle en GAV.

Refuser tous les prélèvements, photos, empreintes, et tout ce qui peut rester dans des fichiers de police pendant un moment, est également important : il est très difficile de sortir de ces fichiers une fois qu’on y est entré, et cela peut être vraiment handicapant d’y figurer, ne serait-ce qu’en cas d’interpellation ultérieure (« Tiens, mais Monsieur est un habitué des commissariats ! »). Ce n’est pas parce qu’on risque une peine de prison ou une grosse amende en refusant de se soumettre à telle ou telle opération (décliner son identité, donner son ADN ou se laisser prendre en photo, par exemple) qu’on sera forcément puni, de nombreux exemples le montrent. On peut très bien être relaxé pour refus de signalétique, si bien sûr personne n’a lâché trop d’éléments compromettants pour le reste.

Il semble important de rappeler cette évidence, que si l’on s’est tu en GAV pour ne pas se charger et ralentir la machine judiciaire, ce n’est pas pour accepter la comparution immédiate après cette même GAV ! Dans la quasi-totalité des cas (on a même du mal à imaginer des exceptions) accepter de passer devant un juge juste après la GAV n’amène qu’un procès au lance-pierre, où en général on s’arrange pour faire avouer le prévenu ou même pour marchander sa peine par une « reconnaissance préalable de culpabilité » (l’équivalent du « plaider coupable » américain). Il faut refuser pour pouvoir préparer sa défense.

Les trois commandements de la garde à vue : ne rien dire, ne rien signer, ne rien avouer.

A lire en entier sur infoquiosques.net
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