Depuis leurs arrestations, les détenus racontent être victimes d’humiliations et de tabassages par les flics. La pression qui leur est imposée est si forte que certains ne parviennent plus à la supporter et tentent de mettre fin à leurs jours. Les tentatives de suicides sont fréquentes, à la fois signe de désespoir et ultime stratégie de résistance. Pourtant, même après une hospitalisation pour tentative de suicide, les libérations sont rarement accordées ; après un séjour à l’hôpital les détenus sont replacés en CRA si l’administration estime qu’une expulsion vers un autre pays est toujours envisageable. De la même manière, les libérations suite à des tentatives de suicide sont souvent conditionnées par des assignations à résidence afin que les autorités puissent continuer à pouvoir harceler et persécuter les personnes jusqu’à ce qu’un retour vers le pays d’origine soit possible.
Les détenus qui ont souhaité témoigner ont tous évoqué le cas d’une personne qui en plein vol au moment de son expulsion vers la Tunisie a réussi à saisir la poignée d’ouverture d’urgence des portes de l’avion en menaçant de l’ouvrir si l’avion n’atterrissait pas. Le pilote a décidé de faire atterrir à Marseille le jet affrété spécifiquement pour la dizaine d’autres détenus d’origine algérienne. Tous ont été replacés au CRA le même jour.
Comme dans bien des cas, le pilote est le dernier pion sur lequel repose l’espoir des personnes qui sont en train d’être déportées vers les pays qu’elles ont quitté, souvent au péril de leur vie. Il est en effet le seul a pouvoir refuser de faire décoller l’avion ce qui oblige l’administration française à devoir organiser à nouveau l’expulsion des prisonniers des CRA. Des vidéos prises par une passagère d’un vol en direction de la Turquie nous ont été transmises : on entend un homme en train d’être expulsé hurler pour alerter les passagers et les mobiliser afin d’empêcher l’avion de décoller.
Alors qu’il résistait, cet homme a subi des violences de la part des keufs qui l’accompagnaient dans l’avion. Voici quelques photos de ses blessures :
Si ce type de violences sont très fréquentes en CRA, les témoignages photos ou vidéos de ce type sont rares car les détenus n’ont pas le droit d’avoir accès à des téléphones avec des caméras. À Coquelles, jusqu’à l’an dernier, les détenu-es avaient le droit d’accéder quelques minutes par jour à leur téléphone (mais pas en zone « de vie »), ce qui permettait par exemple de prendre des photos en cas de blessures. Mais depuis le 1er janvier 2023, ce droit leur a été arbitrairement retiré. Une manière parmi d’autres pour éviter que la réalité des prisons soit connue.
Comme toutes les prisons, les centres de rétention doivent disparaître.